La Suisse est une république bananière en matière de transparence dans le financement de la politique. Avec l’initiative sur la transparence, nous changeons cela.
La Suisse est une république bananière en matière de transparence dans le financement de la politique. L’initiative sur la transparence devrait y remédier.
« République fédérale » est le terme qui apparait sur Wikipédia lorsque l’on cherche la forme d’état de la Suisse. Mais quand il est question des finances des partis politiques et de leur divulgation, notre pays n’est rien d’autre qu’une république bananière.
Contrairement aux grandes démocraties à travers le monde et à tous nos pays voisins, le financement des partis politiques en Suisse n’est pas réglementé par la loi et totalement opaque, sans parler des campagnes pour les élections et votations.
L’initiative sur la transparence devrait être un premier pas vers plus de clarté quant aux dépendances financières. Le financement des partis et des personnes morales et physiques doit en partie être rendu public :
- Les partis déclarent leurs factures et la provenance de toutes dépenses de plus de 10’000 francs.
- Les personnes morales et physiques, qui investissent plus que 100’000 francs dans une campagne sont obligées de déclarer les dons majeurs.
- Les chiffres seront rendus publics avant une votation ou une élection.
La plus grande fainéantise, parmi toutes les bananes dans la république suisse, reste toutefois que chez nous, les grosses donations anonymes aux partis ou à des politiciennes ou politiciens demeurent autorisées. L’initiative veut aussi en finir avec cette pratique.
Tout comme les entreprises cotées en bourse, les partis représentés au Palais fédéral devraient publier, en plus des plus gros dons individuels, leur bilan et leur compte de résultats chaque année. La chancellerie fédérale, qui tient un registre des partis depuis 2002, doit contrôler ces chiffres et les publier.
Comme toutes les lois, celle-ci pourra être intentionnellement contournée. Mais ce n’est cependant pas une raison pour la rejeter. Et le texte de l’initiative est formulé de telle manière qu’il n’offre que peu de possibilités de fraude. D’éventuelles lacunes restent légales, mais ne sont plus légitimes, selon la phrase « une fois la réputation ruinée, on ne fait plus de politique sans gêne ».
Cela fait plusieurs années que les liens d’intérêt doivent être révélés au Palais fédéral. Il est donc cohérent, de révéler enfin les flux financiers. « Si un processus de prise de décision indépendant de toute influence devait vraiment être assuré, les informations sur l’origine des fonds pour une campagne de votation devraient être données aux électrices et électeurs » explique par exemple le Prof. Dr. Martina Caroni de l’université de Lucerne et auteure du livre : « Argent et politique : le financement des campagnes politiques tiraillé entre la Constitution, la démocratie et la volonté politique ».
Car c’est précisément de la volonté politique dont il est question à la fin. Ce n’est que lorsque les informations sur le financement d’une campagne de votation ou d’élection seront accessibles qu’un processus de prise de décision sans influence pourra vraiment être assuré.
Je partage le verdict de « Transparency International » : le manque de transparence dans le financement de la politique nuit à l’image du pays, à la confiance des citoyennes et citoyens dans la politique et à la légitimité démocratique des décisions prises. Pour moi, l’initiative sur la transparence n’est qu’un premier pas vers plus de justice et de fairplay dans la politique. La prochaine étape concerne les revenus des politiciennes et politiciens…
Angelo Barrile, conseiller national PS